La détention de l’opposante Reckya Madougou, au Bénin, est « arbitraire ». C’est l’avis rendu par le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies. Reckya Madougou est incarcérée depuis son arrestation en mars 2021, à quelques semaines de l’élection présidentielle à laquelle elle voulait se présenter sous les couleurs du parti Les Démocrates, avant d’être recalée. En décembre dernier, l’opposante a été condamnée à 20 ans de prison par la Cour de répression des infractions économiques (Criet), pour complicité d’actes terroristes.
En juillet dernier, à l’occasion d’une visite du président français Emmanuel Macron le président béninois Patrice Talon avait rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement détenait des prisonniers politiques. « Au Bénin, il n’y a pas de détenus politiques », avait nié M. Talon.
« Personne ne détonne au Bénin pour son opinion politique, mais les gens sont détenus pour avoir agi, pour avoir commis des délits, des crimes dans le champ politique, c’est vrai. Donc il se pourrait que dans les temps à avenir en mon temps ou après moi que des actes de grâce ou d’amnistie soit pris à l’encontre de ces gens-là, c’est possible ».
Aujourd’hui, les experts de l’ONU appellent les autorités béninoises à relâcher et à indemniser l’opposante. La privation de liberté de Reckya Madougou est « arbitraire », dépourvue de base légale, selon les experts du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, qui ont été chargés d’évaluer la situation de l’opposante béninoise, après avoir été saisis par ses avocats.
Dans un avis daté de fin août, mais publié cette semaine, les experts de l’ONU demandent donc au gouvernement béninois de « prendre les mesures qui s’imposent pour remédier sans tarder à la situation de Mme Madougou ».
Ils recommandent sa libération immédiate et que lui soit accordé le droit d’obtenir réparation, notamment sous la forme d’une indemnisation. Ils demandent aussi une enquête sur les circonstances de sa privation de liberté, ainsi que des mesures contre les responsables de la violation de ses droits.
Ce document de 17 pages, qui détaille les arguments avancés par une « source » et par le gouvernement béninois, a été transmis aux autorités du Bénin, ainsi qu’aux avocats de Reckya Madougou.
Le Groupe de travail sur la détention arbitraire demande à être informé de la suite donnée aux recommandations formulées dans ce document, dans un délai de six mois.
La rédaction