PORTRAIT/CISSÉ INZA, LE FERRONNIER ENGAGÉ CONTRE LA PÉNIBILITÉ DANS L’AGRICULTURE

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Depuis plus de 20 ans, Cissé Inza travaille le fer. Dans son atelier sis au quartier résidentiel d’Odienné (Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire), cet homme consacre son temps à la fabrication d’outils pour le monde paysan.

« J’ai inventé, en 2006, la première égreneuse d’arachide qui sert aujourd’hui dans de nombreux villages de Côte d’Ivoire, du Mali et de la Guinée. Beaucoup utilise cette machine sans savoir que c’est ici dans mon atelier que la première est partie ». Ce samedi 4 février 2023, Cissé Inza est dans son atelier sis au quartier résidentiel d’Odienné. Il raconte sa passion pour le métier de ferronnerie qu’il exerce depuis plus de 20 ans et qui lui permets de fabriquer des outils pour améliorer les conditions de vie dans le monde rural. 

Cissé Inza, connu sous le nom de Techno, travaille sur un autre projet. « C’est une machine qui va séparer le fruit de la noix de cajou. Cet machine fera en une heure, le travail de quatre personnes. Ce travail est a actuellement fait à la main et cela fait perdre beaucoup plus de temps aux paysans », explique le ferronnier. Qui s’est assigné la mission de réduire au maximum, la pénibilité du monde paysan. 

Fils de cultivateur, l’artisan de 50 ans dit consacrer sa vie à cette mission. « Depuis très jeune, j’ai vu comment nos parents souffraient durant toutes les étapes des travaux champêtres. Depuis les semences jusqu’aux récoltes. Je me suis passionné dans ce domaine pour offrir des outils qui facilitent le travail du monde paysan ». 

Dans son atelier, le ferronnier expose ses produits : des batteuses de riz, de maïs, des moulins, des égreneuses d’arachide… des machines agricoles, des foreuses pour pompe villageoises…

Cissé Inza a quitté l’école en 1990, à la suite de l’année blanche qui a coïncidé avec un accident de mon père. Il était en classe de quatrième. Sa passion pour les métiers du fer l’a conduit à apprendre la mécanique moto chez un particulier. L’apprentissage dure sept ans. Puis il va se former à la soudure et à la chaudronnerie. Avant de s’installer à son propre compte. « Dans tous ces garages où il est suis passé, il a fait des innovations avec de nouvelles méthodes propres à lui», assure Mohamed Diallo, l’un de ses anciens collègues.

Depuis plus de deux décennies, M. Cissé suit sa passion, avec l’espoir d’atteindre un jour son objectif : faire adopter ses machines dans tous les ménages africains. « Les paysans continuent de travailler plus, pour très peu de rendement. Depuis plus quatre décennies qu’on parle de développement du secteur agricole, les paysans sont toujours dans l’agriculture rudimentaire.» Mais celui que les intimes appellent Techno comprend. Les paysans ne sont pas suffisamment accompagnés par les pouvoirs publics.

 « Avec en moyenne 300 000 F CFA ( 500 Dollars US), un paysan peut se procurer chez moi, une batteuse de riz ou de maïs, ou une égreneuse d’arachide. Mais les pouvoirs publics préfèrent leur proposer des machines importées, plus coûteuses », regrette l’artisan qui emploie six jeunes. 

Depuis son atelier d’Odienné, Cissé Inza a suivi sur les réseaux sociaux, la retransmission du Sommet Dakar 2, organisé du 25 au 27 janvier 2023 à Dakar au Sénégalaise, sous le thème «Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience».

« Encore un autre sommet », s’exclame-t-il. « Les décideurs doivent accorder plus d’attention aux petits artisans que nous sommes. Ils doivent nous aider à nous organiser et financer la fabrications de machines agricoles locales, plutôt que de les importer. L’Afrique a des créateurs. Il faut juste les aider à intégrer le monde de l’industrialisation », suggère M. Cissé. Qui propose, qu’on lui donne les moyens pour produire beaucoup plus de machines pour permettre aux jeunes agriculteurs de produire plus sans trop d’effort ».

Aujourd’hui, il a des clients. Mais pas à la hauteur de ses souhaits. Cissé Inza espère que dans le cadre de la politique de développement des zones Nord du pays, le gouvernement ivoirien les soutiendra. « Nous aussi, voulons jouer notre contribution dans le développement agricole de notre pays », fait savoir ce père de cinq enfants.   

TBO

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