CÔTE D’IVOIRE : VERS L’INDUSTRIALISATION DE LA PRODUCTION DU « TCHAPAOLO » ?

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Parmi les activités génératrices de revenus exercées par les femmes du département de Sinématiali, figure en bonne place le commerce du « tchapalo », une boisson locale de fabrication artisanale à base de mil, du maïs, du sorgho et même de riz. Devant la pénibilité du travail, les productrices locales appellent à la mécanisation de l’activité. 

Le tchapalo de maïs est le plus commercialisé en raison de l’accessibilité de la matière première. Depuis des lustres, cette activité est l’apanage des femmes qui reconnaissent travailler encore dans la précarité, avec à chaque étape de sa fabrication, une débauche d’énergie et un temps énorme à y consacrer.

Pour ce faire, l’activité n’est pas à la portée de tout le monde à tel point que le passage de témoin se fait par lignée. Soro Tchergniman, une jeune vendeuse de tchapalo au marché de Sinématiali, fait partie de ces héritières.

 » C’est de cette manière que nous avons hérité cette activité de nos mères. Et nos mères aussi l’ont héritée de cette façon de leurs mères, ainsi de suite. Les conditions difficiles de fabrication du tchapalo n’ont pas changé  », explique Mme Soro.

Si la préparation de cette boisson alcoolisée, très appréciée, continue de se faire sur du feu de bois, parfois à feu de brasier, avec une fumée nocive et une chaleur intenable, c’est parce que, « c’est de cette manière que s’obtient le bon tchapalo de maïs », affirme une vendeuse de cette boisson au quartier marché, Coulibaly Ana.

 « On ne devient pas vendeuse de tchapalo du jour au lendemain. On le devient, que parce qu’ on a été parente d’une vendeuse ou qu’on ait appris minutieusement cette activité, auprès de quelqu’un acceptant son lot de souffrance et de fatigue. Le travail de tchapalo n’est pas une partie de plaisir. Moi-même qui vous parle, j’ai appris ce travail auprès de ma mère et je l’ai transmis  à ma fille, qui à son tour pourra le transmettre à sa fille », nous a fait savoir Soro Nathalie, connue sous l’appellation de Mme Joachim, ancienne vendeuse de tchapalo et mère de Coulibaly Ana.

 « Si une femme pense pouvoir préparer du tchapalo sur le feu de charbon ou sur du feu de gaz, ce tchapalo n’aura pas le même goût que celui fait sur du feu de bois  », témoigne Yeo Nouthè, vendeuse à Lawerekaha, un village situé à deux kilomètres de Sinématiali.

AIP

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