Engagé dans un ambitieux programme de réformes structurelles, Abidjan a obtenu du Fonds monétaire international un appui de 3,5 milliards de dollars sur 40 mois.
Pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, inflation galopante, insécurité alimentaire, resserrement des politiques monétaires à l’échelle mondiale… La succession des crises depuis trois ans a aggravé les déséquilibres macroéconomiques de la Côte d’Ivoire. Il y a un mois, le gouvernement et le Fonds monétaire international concluaient un accord de 3,5 milliards de dollars de prêts avec l’objectif pour Abidjan de préserver la viabilité des finances publiques et de la dette. Et ce, dans un contexte bien particulier pour la Côte d’Ivoire, une des six économies parmi les dix plus dynamiques, en Afrique, sur la période récente d’après « L’économie africaine en 2023 », une publication de l’Agence française de développement.
Ces dernières années, le pays est engagé dans la mise en œuvre de son programme de transformation économique. Un Plan national de développement (PND) a été lancé pour la période 2021-2025, avec comme priorités fixées des réformes structurelles clés pour promouvoir une croissance plus inclusive, notamment portée par le secteur privé. Si le gouvernement réussit son pari, la Côte d’Ivoire pourrait, à moyen terme, devenir un pays à revenu intermédiaire.
Pour marquer sa volonté, le gouvernement ivoirien s’est engagé à remplacer le système de subventions universelles aux produits alimentaires et aux carburants par des transferts financiers ciblant les couches les plus vulnérables de la société, pour bénéficier de financements de la part du FMI. Il faut dire que, jusqu’ici, les subventions généralisées aux produits alimentaires et aux carburants profitaient à toutes les couches de la société. Elles devraient être remplacées par des transferts financiers ciblant les personnes les plus vulnérables.
« Les subventions indirectes et directes visant à freiner les pressions sur les prix, l’augmentation des dépenses de sécurité et la détérioration des termes de l’échange dans un contexte de demande intérieure robuste ont entraîné une aggravation des déséquilibres macroéconomiques en 2022 », a constaté dans un communiqué Olaf Unteroberdoerster, qui a dirigé une récente mission à Abidjan.
« Les services du FMI soutiennent pleinement le programme de réforme des autorités et se félicitent de leur profond engagement en faveur de la viabilité budgétaire et de la dette, et de la construction d’une société plus prospère et inclusive dans un contexte de changement démographique rapide et de défis externes importants », poursuit-il dans un communiqué.
« Le gouvernement ivoirien s’est engagé à remplacer les subventions généralisées aux carburants et aux denrées alimentaires par des transferts ciblés », a déclaré le représentant résident du FMI en Côte d’Ivoire, Kadima Kalonji, cité par l’agence Bloomberg. Kadima Kalonji a d’autre part fait remarquer que la dette du pays reste soutenable. « La Côte d’Ivoire n’a qu’un risque modéré de surendettement, et n’aura pas besoin de restructurer sa dette pour accéder aux financements (du FMI) », a-t-il dit. Une information de taille dans le contexte actuel, où plus d’une soixantaine de pays pauvres et émergents sont au bord ou frappés par une crise de la dette. Les financements en provenance des institutions financières internationales, Banque mondiale et FMI, sont essentiels pour éviter un effondrement des économies nationales. D’autant que la hausse des taux des principales banques centrales affecte l’accès de ces pays aux financements, tout en renchérissant fortement les coûts, venant compliquer un peu plus la situation budgétaire de ces pays.
Source : Le Point