En Côte d’Ivoire, rares sont ceux qui croient encore à une possible réconciliation entre le président ivoirien Alassane Ouattara et son ancien Premier ministre, Guillaume Soro. Les deux hommes sont en conflit ouvert depuis février 2019, date de la démission du second du Perchoir. Et depuis, rien ne semble s’arranger.
Guillaume Soro, qui ne cache plus ses ambitions présidentielles et qui ne semble pas prêt à faire amende honorable, s’est résigné à la vie d’exilé. Accusé qu’il est de plusieurs tentatives de coup d’Etat, l’ancien président de l’Assemblée nationale est l’objet d’une traque sans relâche du pouvoir d’Abidjan. Il est condamné à perpétuité dans son pays, et sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
Mais l’homme continue d’entretenir la flamme militante de ses partisans. Après la nominationdes membres de la Commission d’Orientation et de Coordination (COC), il les convie à la première réunion, au titre de l’année 2023, ce dimanche 21 mai 2023.
Pourtant la traque d’Abidjan contre son mouvement politique ne faiblit pas. C’est d’ailleurs, selon des sources bien introduites, l’une des cibles les plus importantes de la Direction de la surveillance du territoire (DST), qui prend très au sérieux toutes les informations sur l’ex-rebelle et ses proches. Objectif : isoler définitivement celui qui a osé défier le chef de l’État ivoirien.
Africa Intelligence a révélé que les autorités ivoiriennes continuent de miser sur l’isolement politique du fondateur du GPS. Selon le média français, le ministre ivoirien de la Défense aurait démarché, durant ce mois de mai 2023 à Paris, certains personnalités du cercle de l’ancien chef rebelle pour les convaincre de le quitter. Une tentative de débauchage que ces derniers regarderaient comme un piège.
S’il est vrai que certains proches de Soro sont rentrés d’exil sans être inquiétés ( Alphonse Soro), d’autres se sont retrouvés en prison après avoir foulé le sol ivoirien. C’est le cas du commandant Abdoulaye Fofana, l’ancien aide de camp de Guillaume Soro, arrêté à Abidjan en mai 2022, ou même de l’activiste connu sous le sobriquet Peter 007. Ce dernier a été mis aux arrêts puis incarcéré en décembre 2022.
Un peu plus tôt, en août 2021, l’ancien député de Dabou, Ben Souk, un autre proche de M. Soro, avait été arrêté par la junte au pouvoir au Mali avant d’être relâché en janvier 2022. Selon plusieurs observateurs, ce ancien député pro-Soro de Dabou avait échappé à l’extradition, grâce aux difficiles relations de l’époque entre Abidjan et Bamako !
Ces dernières arrestations font craindre le retour au pays, de la plupart des militants de GPS, qui ont suivi leur mentor en exil. Dans ces pays d’accueil, notamment en Europe, ils tentent de s’organiser autour de certaines têtes fortes comme l’ancienne ministre, Affoussiata Bamba Lamine, l’ancien Directeur général de la Loterie nationale de Côte d’Ivoire (LONACI), Issiaka Fofana et le prof Franklin Nyamsy, conseiller de Guillaume Soro, ou même Moussa Touré, son directeur de la Communication.
Dans cet exil sans terme, certains se retrouvent aussi en Turquie, aux Etats-Unis ou même au Canada comme le jeune informaticien de 28 ans, Dogba Djéli Abiud. Comme plusieurs jeunes Ivoiriens, cet pro-Soro, connu pour son activisme à Lakota (225 Km d’Abidjan), Abobo et Bingerville, a dû fuir son pays pour se retrouver aujourd’hui à Fort McMurray au Canada, tant il a échappé, à plusieurs reprises, dêtre arrêté. Depuis juin 2022, le jeune Dogba Djéli, tente, lui aussi, de mobiliser ses camarades pour poursuivre la lutte pour le retour de la ‘‘démocratie’’ dans son pays.
« C’est dure. Le président ( Guillaume Soro) nous avait bien averti. Il avait dit que le combat sera dur. Et nous le constatons tous. Nous espérons que les autorités ivoiriennes mettent un peu d’eau dans leur vin », plaide Bilé Kamagaté, membre du comité d’orientation. « Nous allons reprendre nos activités. Nous savons que le pouvoir va poursuivre sa répression contre nos militants. Mais nous restons résiliants. Nous avons confiance en Guillaume Soro, nous avons surtout foi en Dieu », se dit confie M. Kamagaté. Qui se dit optimiste pour l’avenir. « En politique, tout est possible. Mais je ne comprends pas pourquoi le Président Ouattara n’arrive pas à pardonner à Guillaume Soro, son fils, alors qu’il pardonne à Gbagbo et Blé Goudé », se désole-t-il.
La rédaction