SÉNÉGAL: MACKY SALL COMME ABDOULAYE WADE?

Edito Politique

Au Sénégal, la condamnation par la justice de l’opposant Ousmane Sonko déchaine des violences qui, selon le dernier bilan, ont causé 15 décès et fait de nombreux blessés à travers le pays. Malgré les appels au calme, le pays garde son souffle !

A peine rendue jeudi 1er juin 2023, cette décision de justice, condamnant l’opposant Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » a embrasé le pays. Et les appels à la mobilisation ne semblent pas faiblir.

Les partisans de l’opposant voyant dans cette condamnation une tentative du Président Macky Sall d’écarter un rival politique avant l’élection présidentielle de 2024. 

Cette condamnation pourrait non seulement rendre Sonko inéligible pour cette élection, mais également ouvrir un boulevard à M. Sall à qui l’on prête l’intention de briguer un troisième mandat. 

Tout se passe comme en 2012, quand le Président Abdoulaye Wade dans sa volonté de briguer son troisième mandat avait déchainé des vives manifestations de protestations. C’est dans ce contexte que Macky Sall a été porté au pouvoir sur une vague de soutien populaire. La candidature pour un troisième mandat de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, avait déclenché des protestations massives et la victoire de Sall aux élections a été perçue comme une victoire pour la démocratie régionale.

Aujourd’hui au palais de la République, Macky Sall semble vouloir imposer ce même schéma à ses opposants. 

Comme en 2012, les restrictions sont imposées sur l’internet et les réseaux sociaux pour limiter la capacité des citoyens à communiquer et à organiser des manifestations. 

Comme Wade en 2012, les actions de Sall suscitent aujourd’hui des inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie sénégalaise.

Mais pire qu’en 2012, Macky Sall est soupçonné de vouloir gagner sans affronter ses opposants. « Il ne veut pas commettre l’erreur d’affronter ses opposants dans les urnes, comme l’avait fait Wade. S’il avait fait invalider la candidature de Macky Sall, Abdoulaye Wade aurait eu son troisième mandat en 2012 », se confie un observateur de la vie politique sénégalaise. 

Une chose est sûre ! S’il suit la voie de Wade en cherchant à assurer sa réélection, en éliminant ses rivaux, cela pourrait avoir des conséquences sérieuses pour la stabilité du pays. 

Espérons qu’à son tour, le Sénégal ne vienne pas alourdir la désespérance démocratique en Afrique, caractérisée par le maintien au pouvoir au mépris des normes constitutionnelles. Il suffit juste un mot du Président Macky. Un mot pour rassurer ses compatriotes. Juste un mot pour dire que Macky de 2012 n’a pas changé.  

Ténin Bè Ousmane

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