L’offensive du samedi 7 octobre 2023 ouvre une nouvelle page dans l’histoire du conflit israélo-palestinien. Cette attaque inédite du Hamas a fait perdre à Israël plus d’un millier de personnes. Le dernier bilan fait état de plus de 1 200 morts et de plus de 2 800 blessés selon Tsahal, l’armée israélienne. Côté palestinien, il est passé à au moins 1 055 morts et plus de 5 100 blessés, selon le ministère de la santé gazaoui.
Certes la bataille meurtrière n’est encore qu’à ses débuts, mais on ne peut pas nous en vouloir d’analyser ce macabre bilan comme une défaite pour Tsahal. Une armée réputée dans ses guerre limitées de haute technologie. Et qui a toujours imposé sa suprématie dans un environnement hostile depuis la création de l’État d’Israël.
Mais depuis le 7 octobre 2023, le Hamas est en train de lui résister. L’État hébreux n’a jamais perdu autant de monde, depuis le début de ce conflit en 1948. À toutes ses épisodes chaudes, cette guerre a toujours servi à l’opinion internationale, un trop net déséquilibre dans le décompte des victimes. Les morts se comptaient par milliers du côté de l’ennemi, contre une demie douzaine, sinon moins d’une poignée de tués par des obus lancés depuis la bande de Gaza ou du sud du Liban.
Cette fois-ci, Israël n’est plus face à une guerre asymétrique ou le combattant allait pour mourir sur le terrain en se faisant exploser avec sa charge. Tsahal n’a plus affaire à mouvement ‘‘terroriste’’ rudimentairement armé, qu’on croyait rabougris… Elle a été surprise par un adversaire qui se bat mieux et qui est allé même jusqu’à faire plus d’une centaine d’otages ,y compris parmi des militaires.
« Ce que le Hamas va vivre sera difficile et terrible (…), nous allons changer le Moyen-Orient », a déclaré, lundi, Benyamin Netanyahu à de hauts responsables locaux dans le sud d’Israël. La riposte sera à la hauteur de l’attaque et tous ses alliés, notamment les pays occidentaux lui en donne l’autorisation.
Mais quel que soit la riposte, cela ne changerait en rien ce qui ressemble déjà une défaite. Et ce serait en réalité la deuxième après la guerre de l’été 2006 à la suite de l’enlèvement de deux de ses soldats par le Hezbollah libanais. On se souvient que l’État hébreux avait conduit offensive éclair du 12 juillet au 15 août 2006 contre ce mouvement islamiste en territoire Libanais sans réussir à vaincre des combattants retranchés dans un rectangle de 25 Km sur 15 !
Israël avait perdu 6 milliards de dollars et 120 hommes dans cette guerre. 2000 civils libanais avaient été tués, 15 milliards de dollars de destructions avaient été enregistrés. Mais Tsahal n’avait pas pour autant entamé la capacité de résistance de quelques 3000 hezbolati !
A l’observation, nous sommes de plain-pied dans la crise du modèle des guerre limitées de haute technologie. Tel-Aviv et Washington doivent se rendre à l’évidence et en tirer les conséquences. Après plusieurs décennies de guerre, de massacre, de misères imposées à des populations civiles sans défense, il faut faire la place à la paix. Il faut tout simplement reprendre les négociations.
Ténin Bè Ousmane
