MUTILATION GENITALE : À QUAND LA FIN DU COMBAT 

Enquêtes Société

Depuis 2016, les résultats de l’Enquête à indicateurs multiples (MICS5) fixaient à 36,7%, le nombre de femmes ayant subi une mutilation génitale féminine sur le territoire ivoirien. Cette enquête avait recensé les régions les plus touchées. Notamment, l’Ouest (62,1%), le Nord-ouest (75,2%) et le Nord (73,7%).  Près de 6 ans après, les choses n’ont pas considérablement évolué. Ou, du moins, les autorités manquent de chiffres réels. De 2018 à 2020, par exemple, le ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant, a enregistré, au niveau de ses plateformes multisectorielles de lutte contre les violences basées sur le genre, 54 cas de mutilations génitales féminines, rien que pour le seul mois de janvier 2021. Une appréciation qui ne permet pas de se faire une idée globale de l’évolution de l’excision en Côte d’Ivoire. Lundi 9 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), Nassénéba Touré, la ministre de la Femme, de la famille et de l’enfant, a annoncé les mêmes 36,7% pour situer le nombre de femmes touchées par les MGF, avec 10% de filles de moins de 14 ans, concernées. Les autorités notent cependant, une avancée dans le signalement des cas.  6 040 cas de violences basées sur le genre (VBG) ont été dénoncés en 2021, avec 26 cas de MGF. Entre 2020 et 2021, les cas de MGF pris en charge, sont passés de 13 à 26. 

Sensibilisation

L’excision a-t-elle baissé pour autant ? Amani Bénédicte Aquici, épouse Oué, présidente de l’ONG Foundi, spécialisée dans la protection de l’enfance et de la femme, estime qu’il y a des progrès avec la sensibilisation des exciseuses, mais surtout, des parents. « Beaucoup de parents comprennent aujourd’hui le risque de faire exciser leurs filles, avec la sensibilisation », explique-t-elle. Hélas, à l’entendre, depuis 2016, aucune véritable étude de terrain n’a été lancée pour recueillir les données et vérifier quelle proportion de la population a tourné le dos à cette pratique. Dans les villages les plus reculés, les mentalités sont dures à muer. Et pour Amani Bénédicte Aquici, l’idée de toucher ces personnes, prendra encore des années.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) situe à 91,5 millions, le nombre de femmes et de filles de plus de 9 ans qui vivent actuellement avec les conséquences des MGF en Afrique. Ce qui montre la difficulté à se débarrasser de ce fléau.  Célébrée autour du thème : « Établir des partenariats avec les hommes et les garçons pour transformer les normes sociales et de genre, afin de mettre fin aux MGF », cette journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines a été l’occasion pour Nassénéba Touré de soutenir, à Man, les femmes victimes de la pratique. Plus de 2 millions de FCFA ont été distribués à 28 femmes victimes.Georges Dagou 

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