Selon les experts, les cotations du coton ivoirien sur le marché mondial reflètent la dégradation de sa qualité, depuis ces dernières campagnes. L’origine Côte d’Ivoire est désormais décotée par rapport aux origines ouest-africaines auxquelles elle a servi de modèle. Les acteurs veulent faire changer les choses.
Après l’épreuve des insectes Jassides qui ont négativement impacté la production l’an dernier, les acteurs de la filière veulent repositionner le coton ivoirien. C’est le sens de la campagne de sensibilisation effectuée par la Commission qualité coton de l’Interprofession cotonnière, du 5 au 10 novembre 2023 dans 51 localités du bassin cotonnier. Dans chacune des localités, les producteurs ont été instruits sur les méthodes, souvent négligées, pour l’amélioration du coton graine de bonne qualité.
La culture cotonnière est en effet exigeante. Sa conduite réclame de la rigueur. « Le coton est une culture de discipline. Or, les règles de base de la récolte fractionnée, ne sont plus appliquées. Parce que les producteurs ne les connaissent pas ou parce qu’ils n’ont pas les moyens humains et matériels de les appliquer ou encore parce qu’ils ne voient pas l’intérêt de les mettre en pratique, faute d’incitation ou de sanction pour ne pas les avoir respectées », confiait Brou Kouakou, directeur exécutif de l’Aprocot-Ci, il y a un an, dans une interview accordée à nos confrères de CommodAfrica.
Par cette campagne de sensibilisation, l’objectif fixé est de mettre sur le marché, au terme de cette campagne, un coton graine ivoirien de haute qualité, et atteignant la norme de 65% du taux de type supérieur de fibre. « Sous la houlette de la Commission qualité coton, tous les acteurs de la filière sont déterminés à travailler ensemble pour relever les défis de qualité et améliorer la position de la Côte d’Ivoire sur le marché international du coton. Cette mission de sensibilisation s’inscrit dans cette démarche et vise à renforcer la qualité du coton ivoirien tout en assurant une croissance durable de la filière », a indiqué le directeur exécutif de l’APROCOT-CI, Brou Kouakou.
Cette mission post-jassides a mobilisé dix équipes d’administrateurs et de techniciens de la Fédération des producteurs (FPC-CI), de l’Association des sociétés cotonnières (APROCOT-CI), de INTERCOTON, du Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricole (FIRCA), du Centre national pour la recherche agronomique (CNRA) et du Conseil du coton et de l’anacarde.
À l’occasion des différentes sessions de formation et de sensibilisation, ces équipes ont insisté sur plusieurs points dans les localités visitées. Il s’agit de la rigueur dans l’application des bonnes pratiques de l’itinéraire technique (l’apport correct des intrants, le traitement strict des insecticides, de la récolte et le stockage approprié de la production), de la nécessité du tri du coton en lots homogènes ou encore de l’importance du suivi des conditions de transport pour préserver la qualité du coton jusqu’à sa destination finale.
La filière coton en Côte d’Ivoire est en pleine transformation, faisant face à de nombreux défis tels que la volatilité des cours mondiaux du coton, l’augmentation des coûts de production et les effets néfastes du changement climatique. Malgré ces défis, l’industrie cotonnière ivoirienne a montré une résilience remarquable, atteignant une production de 539 000 tonnes en 2021/2022 grâce à des efforts concertés des acteurs de la filière et de l’État, soutenus par des partenaires techniques et financiers.
Ismaël Coulibaly