En Côte d’Ivoire, l’or jaillit de partout ! L’or de toutes les couleurs. Désormais, le brun (cacao) et le blanc (coton) doivent compter, non seulement avec l’or pur des mines septentrionales, mais et surtout, depuis ces dernières semaines, avec l’or noir (pétrole et le gaz).
Le communiqué en date du 7 mars 2024 du Ministère des Mines, du Pétrole et de l’énergie, faisant état d’une nouvelle découverte d’hydrocarbures dans le bassin sédimentaire ivoirien, largement partagé, continue de susciter espoir et enthousiasme chez les Ivoiriens. Cette nouvelle découverte baptisée « Calao », résultat des recherches du pétrolier italien Eni, regorgerait, « pour le moment, des ressources en place de l’ordre de 1 milliard à 1,5 milliard de baril équivalent de pétrole », selon le communiqué signé du ministre de tutelle Mamadou Sangafowa-Coulibaly.
Cette découverte intervient à quelques mois de mise en production, en août 2023, à 120 kilomètres de là, du gisement Baleine, découvert en 2021 par la même entreprise italienne. Ce dernier gisement devrait pouvoir produire, à partir de 2027, 150 mille barils par jour !
On peut dire que la Côte d’Ivoire est de plain-pied dans l’essor de l’industrie extractive, puisque, parallèlement aux hydrocarbures, le secteur des mines, notamment, l’extraction aurifère est plus que jamais en pleine croissance. La Côte d’Ivoire qui table désormais sur les 60 tonnes d’or d’ici fin 2024, peut compter, en plus d’Ity, Tongon, et autres, sur les nouvelles trouvailles, dont la plus importante est celle d’Odienné dans le département de Kaniasso.
En tout cas, le 11 janvier 2024, Awalé Resources, junior minière basée au Canada et active dans l’exploration aurifère en Côte d’Ivoire, annonçait sa nouvelle découverte d’or-cuivre. Et, selon le Canadien, c’était la troisième découverte significative sur son projet d’Odienné. « Nous voyons un énorme potentiel pour faire progresser rapidement cette cible avec ses 8 km de potentiel actuel », s’est réjoui Andrew Chubb, PDG d’Awalé Resources.
Bonnes nouvelles ! Mais la vraie question que se posent les Ivoiriens, c’est de savoir comment ce boom de l’industrie extractive dans leur pays, leur profitera. À raison d’ailleurs. C’est une question qu’il faut se poser, sans complexe. On le sait, l’investissement dans les recherches et de développement d’usines de production de ces « trésors », ne sont pas toujours pas à la portée des investisseurs locaux ou de nos États. C’est une affaire de riches investisseurs. Mais tous les riches investisseurs ne sont pas nés riches. Beaucoup le sont devenus. Les richesses naturelles de la Côte d’Ivoire devraient pouvoir enrichir le pays. Elles devraient pouvoir faire émerger de riches investisseurs nationaux, des champions nationaux.
Heureusement, l’État ivoirien semble y travailler. La loi sur le Contenu local adoptée en 2022 pour le secteur des hydrocarbures, est un pas important. Elle permet de privilégier les intérêts des nationaux dans le domaine. Le secteur minier, qui se contente pour l’heure de certaines dispositions similaires, attend également son texte de loi. Cet arsenal juridique, s’il est constitué, devra permettre d’imposer que les privés locaux détiennent exclusivement la majorité des parts dans toutes les entreprises extractives étrangères.
À côté de ces textes, la Côte d’Ivoire doit mettre à contribution de ses magistrats, ses avocats, capables de défendre, en toute intégrité, les intérêts nationaux. C’est à ce prix que l’envolée de l’industrie extractive fera de Korhogo, d’Odienné, de Bondoukou,… des villes aux allures des capitales des États arabes du Golfe. Autrement, on viendra alourdir les rangs des pays qualifiés de scandale géologique. Que Dieu nous affranchisse de ce triste sort, de cette fatalité qui semble coller à notre continent.
Ténin Bè Ousmane