SÉNÉGAL : UN BOULEVARD DE 4 MANDATS DEVANT LE PASTEF ?(Éditorial)

Edito

Depuis le plébiscite de son candidat, Bassirou Diomaye Faye, au scrutin présidentiel du 24 mars 2024 au Sénégal, plus personne ne doute de la résurrection, dans les prochains jours, du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Il avait été dissout en juillet 2023. Mais, pour avoir esquivé le piège de la politique de la chaise vide, en proposant la candidature de Diomaye Faye, en lieu et place de celle du Président Ousmane Sonko, déclaré inéligible, le PASTEF a fait preuve d’une ingéniosité qui lui ouvre l’exercice du pouvoir… au-délà de 10 ans ! 

Le calcul est très simple. Après les deux mandats prévus par la Constitution pour le secrétaire général Diomaye Faye, le parti proposera la candidature de son Président, Ousmane Sonko, qui lui, s’il est élu, aura devant lui ses deux mandants.

Mais entendons-nous bien. Ce n’est qu’un calcul mathématique. Dans la pratique, bien de défis se dressent devant cette formation politique créée en 2014, pour prétendre à cette longévité jamais réussie par aucun parti politique au Sénégal. Le premier, c’est de réussir la solidité du tandem Faye-Sonko. Durant la gouvernance qui s’ouvre devant ces deux jeunes loups débordant d’énergie, il leur faudra résister aux tentations de la division. Ils doivent pouvoir travailler ensemble sans se marcher les pieds. Et se mettre au-dessus de leurs égos. 

Certes, bien d’observateurs semblent unanimes sur le fait qu’entre le chef incontesté du PASTEF Ousmane Sonko et son ami secrétaire général, devenu président de la République, Diomaye Faye, ce sera un tandem réussi. Ils invoquent le contenu du projet commun.  Certes. Mais l’histoire est aussi remplie d’exemples de tandems qui, au sommet de l’État, se sont terminés en queue de poisson.

Première piqure de rappel. En Mauritanie, l’ex-président Mohamed Ould Abdeleziz est aujourd’hui en prison, condamné à 5 ans pour corruption (ses biens sont confisqués) et il est déclaré inéligible… sous le régime d’un certain Mohamed Ould Ghazouani. L’homme pour qui il s’est battu bec et ongle pour qu’il lui succéda en 2019. 

Deuxième piqure de rappel. En 2016 en Angola, le Président Eduardo Dos Santos n’avait certainement pas imaginé que João Lourenço, l’homme qu’il prétendait avoir soigneusement préparé pour sa succession allait le conduire en l’exil où il mourut à Barcelone en Espagne, en 2022. Et tenez-vous bien, la traque contre les grandes figures de l’ère Santos, y compris sa famille en exile, n’a jamais faiblit jusqu’à présent!

Arrêtons-nous à cette troisième piqure de rappel. Au Cameroun, l’on se souvient plus des dissensions entre Ahmadou Ahidjo et Paul Biya que des relations de confiance qui avaient conduit le premier, alors président de la République et chef de l’État, à transmettre en novembre 1982, le pouvoir au second. Paul Biya n’en était que son Premier ministre. Les dissensions ouvertes entre les deux hommes ont finalement conduit Ahidjo en exil au Maroc où il décède en décembre 1989.  

Même le Sénégal de Senghor n’a pas échappé à cette tentation du diable qui a, un moment divisé le père de l’Indépendance à son successeur Abdou Diouf. Le premier, qui avait démissionné en 1980 pour céder le pouvoir à son premier ministre Diouf, en gardant la présidence du Parti socialiste ( PS), n’a pas tardé à s’en décharger… pour laisser le pouvoir, tout le pouvoir à son ‘‘petit’’. 

Personne ne souhaite un tel scenario au PASTEF. Car s’il est vrai que les exemples qui justifient que le pouvoir ne se prête pas, les exceptions à cette règle existent également. Notamment avec celui que renvoie au monde, le pouvoir russe de Vladimir Poutine et son vice-président Medvedev.  

Au Sénégal, le maintien de la cohésion au sein de l’exécutif sera le vrai grand défi à relever. Il consistera à renforcer la complicité entre nos deux têtes fortes du PASTEF. Pour demeurer solidité, cette complicité devra résister à toutes formes d’assaut. Car si cette confiance inébranlable, si elle est acquise, sera un atout pour catalyser les masses populaires sénégalaises autour du projet défendu par le PASTEF. Et ce sera une assurance de 20 ans de pouvoir pour le PASTEF. 10 ans pour Bassirou Diomaye Faye, puis 10 ans pour Ousmane Sonko. 

Ténin Bè Ousmane

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