Le président sénégalais Diomaye Faye semble engagé dans une médiation-qui ne dit pas son nom- pour recoller les morceaux au sein de la CEDEAO défigurée. Une organisation très éprouvée par le départ de trois de ses membres que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger. « Je ne désespère pas de voir la CEDEAO repartir sur des bases nouvelles qui nous évitent la situation que nous traversons aujourd’hui », s’est-il montré confiant, ce vendredi 31 mai 2024 au terme de sa visite d’amitié et de travail à Bamako.
La tâche de la médiation est d’autant plus difficile que les trois pays travaillent activement à trouver une alternative à l’organisation ouest africaine fondée en 1975. En effet, après avoir fondé, en septembre 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES) pour gérer la sécurité de leurs frontières communes, Bamako, Ouagadougou et Niamey, ont officiellement annoncé, en janvier 2024, leur départ de l’organisation qu’ils accusent de servir les intérêts des puissances occidentales.
Dans leur ligue contre l’organisation communautaire, Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et Ibrahim Traoré accélèrent les pas. Ils vont même au-delà de l’aspect communautaire. Le 17 mai dernier, les trois pays dirigés par des régimes militaires « finalisent » à Niamey un projet de texte créant la Confédération de l’AES. Ces textes devraient être adoptés « très prochainement ». «Nous pouvons considérer très clairement, aujourd’hui, que la Confédération de l’Alliance des États du Sahel est née », se félicitait le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à l’issue d’une audience avec le général Tiani.
Quid des principes processus électoraux défendues par la CEDEAO ? Les régimes militaires de Bamako et de Ouagadougou ont coupé court. Ils ont prolongé de cinq ans la durée des transitions ! Une expérience qui ne va pas sans susciter des appétits chez les voisins qui rechignent le suffrage universel. En tout cas, le Togo et le Tchad collaborent déjà avec l’AES. Lomé et Ndjamena ont démarré des exercices militaires conjoints, le 20 mai 2024. Prévues pour durer deux semaines, les manœuvres ont lieu à Tillia dans l’ouest du Niger, près du Mali, dans le but de renforcer les capacités opérationnelles et la résilience de leurs forces.
Ce qui éloigne encore plus la perspective d’un retour de flamme entre ces trois pays et leur désormais ancienne organisation communautaire, c’est le contexte géopolitique marqué par la résurgence de la vielle rivalité entre la Russie et les pays occidentaux (la France). L’AES ayant tourné le dos à Paris pour s’afficher clairement avec Moscou…
Le ‘‘médiateur’’ a bien compris la complexité de la mission. Il a préféré refuser publiquement son « rôle de médiateur », non sans plaider en faveur des efforts de la CEDEAO pour résoudre les crises régionales, particulièrement celles liées aux défections. « Je ne suis le médiateur de personne, ni de la CEDEAO », s’en est-il lavé les mains. A l’évidence il faut encore plus des d’efforts pour concilier les deux organisations désormais côte-à-côte et… face à face.
Ténin Bè Ousmane