« IL FAUT OCTROYER UNE PRIME AUX ENSEIGNANTS DES ZONES DIFFICILES », JEROME OURIZALE (SAEPPCI)

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Dans cet entretien, le leader du Syndicat autonome des enseignants du primaire public de Côte d’Ivoire (Saeppci) revient sur le déficit d’enseignants au Nord

Le déficit d’enseignants en Côte d’Ivoire fat-il partie de vos préoccupations ? 

Effectivement, le déficit d’enseignants qui frappe la Côte d’Ivoire, est assez notable. Depuis des années, nous évoquons ce problème qui fait, en effet, partie de nos points de revendications. Et jusque-là, nous attendons qu’il soit solutionné. Malheureusement, d’année en année, cela devient grave.

Pourquoi le grand Nord fait partie des zones les plus touchées ?

Parce que les conditions de travail des enseignants dans cette région de la Côte d’Ivoire ne sont pas toujours faciles. Les enseignants préfèrent donc dépenser et rester au Sud, par exemple, plutôt que de dépenser moins, mais rester dans un cadre qui n’est pas aisé.

Qu’est-ce qui fait que les conditions de travail dans le Nord sont difficiles ?

Le manque d’infrastructures. Il est vrai que la situation a évolué aujourd’hui, mais le gap entre cette partie du pays et le Sud, reste grand. Donc, beaucoup d’enseignants font des pieds et des mains pour ne pas être affectés là-bas. Ce que nous dénonçons d’ailleurs. Tout enseignant doit pouvoir travailler partout, où qu’il soit.

Que faire pour pallier ce problème ?

Dans le temps, nous avions évoqué les primes de poste déshérité. Il s’agit d’une prime qu’on octroie aux enseignants affectés dans des zones difficiles, pour les inciter à y rester. Cette prime doit être reconduite. C’est l’une des solutions pour pallier le déficit d’enseignants dans le Nord et aussi dans l’Ouest du pays. Mais ce déficit touche aussi bien le primaire que le secondaire. Nous avons vu ces derniers jours que les élèves qui manifestaient, étaient du secondaire. Mais ce sont les mêmes problèmes.  La seule différence est qu’au primaire, lorsqu’il y a un déficit, on jumelle deux classes. CP1 et CP2, ou CM1 et CM2. Mais au secondaire, c’est plus difficile de faire cela. C’est pour cela qu’on a plus de bruit là-bas.

Ne faudrait-il pas aussi recruter pour combler le gap ?

Effectivement, le recrutement est l’autre solution. Au niveau du secondaire, nous demandons à l’État de recruter parmi les enseignants du primaire. Beaucoup parmi nous ont des diplômes d’enseignement. Des licences, voire même des doctorats. Ils ont déjà la pédagogie. Il sera plus facile de  transformer des enseignants du primaire en professeur.

En même temps, on va dégarnir plus les effectifs du primaire

Non, puisque d’un autre côté, il suffira de poursuivre le système de contractuel au primaire. Le système du contractuel est plus approprié pour les tout-petits. Il peut facilement s’intégrer. Donc, pour régler le problème d’enseignants, il faut revoir le système de recrutement.

Pourquoi l’État ne recrute-t-il pas assez d’enseignants, selon vous ?

L’État a toujours évoqué un problème de postes budgétaires. Mais nous disons que c’est une question de volonté politique. Si on le veut, on peut régler vite le manque d’enseignants dans le pays.

Entretien réalisé par Georges Dagou

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