CRISE AU SEIN DE LA CEDEAO : IMPASSE SANS TERME

Diplomatie Edito

C’est désormais une lapalissade. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en crise ! Après plusieurs sommets extraordinaires pour réprimer les changements anticonstitutionnels à la tête des États concernés, la CEDEAO demeure à la peine. Elle semble perdre la face devant les juntes au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. Cela, malgré la batterie de sanctions infligés à ces pays qui ont vécu des coups d’État.

Cette organisation, fragilisée par cette série de coups d’État militaire, tiendra son prochain sommet le 10 décembre 2023 à Abuja au Nigéria. Le dernier sommet remonte à début août et avait été entièrement consacré à la situation au Niger, après le coup d’État militaire du 26 juillet, qui avait renversé le président élu Mohamed Bazoum. Les chefs d’État avaient menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions et avaient imposé, comme ce fut le cas pour le Mali, le Burkina Faso et le la Guinée, de lourdes sanctions économiques et financières à l’encontre du Niger.

Cette décision qui semblait être actée au terme de ce sommet, n’a pu être traduite en acte. Certains pays membres, comme le Cap Vert, y compris l’Union africaine, s’en étaient désolidarisés, invitant plutôt à des négociations avec la junte. 

À propos du maintien ou non des sanctions en vigueur contre ces pays dirigés par des militaires, l’organisation n’a jamais vraiment réussi à parler d’une seule voix. Le sommet extraordinaire de juin, tenu dans la capitale ghanéenne pour discuter du maintien, de la levée ou du durcissement des sanctions prises à l’encontre des juntes militaires au pouvoir au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, avait accouché d’une souris. Faute d’accord entre les parties prenantes, le sommet d’Accra a tourné court. 

Et, à l’observation, les choses ne semblent pas s’arranger pour cette organisation qui avoisine la cinquantaine. Ce sommet ordinaire du lundi 10 décembre 2023 d’Abuja se tient dans un contexte où la CEDEAO est menacée dans son intégrité. Selon nos informations, cette rencontre aura lieu sans les représentants ‘’bannis’’. Ainsi donc, sur les quinze pays membres de l’organisation ouest-africaine, les quatre dirigés depuis 2020 par des militaires issus de coups d’État, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée, suspendus, ne seront pas représentés au sommet d’Abuja.

Cela n’inquiéterait personne si trois de ces pays dirigés par des putschistes ne tentaient pas, eux aussi, de se liguer et de se tracer une autre voie, une autre alternative à la CEDEAO. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en proie à la violence djihadiste, se sont regroupés au sein d’une Alliance des États du Sahel (AES).

Vendredi 1er décembre, la première réunion des ministres des Affaires étrangères des trois États de cette organisation s’est tenue à Bamako. Les chefs de la diplomatie du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ont appelé à renforcer et accélérer le processus d’intégration entre eux.

Dans le domaine de la diplomatie par exemple, Bamako, Ouagadougou et Niamey décident d’harmoniser de plus en plus leurs points de vue sur la scène africaine et internationale.

Sur le plan politique, la rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des États du Sahel a encouragé le renforcement des relations entre les élus, les associations féminines et la société civile des trois pays.

Un peu plus tôt, les ministres des finances de l’AES se retrouvé à Bamako pour évoquer la nécessité de la création d’une Banque d’investissement et d’un fonds de stabilisation monétaire appartenant aux trois États, dans le but de garantir la bonne santé financière dans cet espace !

Et la dernière décision prise par l’AES qui doit susciter des inquiétudes légitimes de la CEDEAO, c’est l’annonce, ce samedi 2 décembre, par les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Niger dans un communiqué conjoint, de leur retrait des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe. Cela, à compter du 29 novembre 2023 !

Parallèlement à cette organisation qui tente de rivaliser avec la CEDEAO, l’organisation reste toujours éprouvée par l’instabilité. Derniers faits : Deux tentatives de coup d’État en Sierra-Leone et en Guinée-Bissau. 

Dire donc que la CEDEOA est dans l’impasse, c’est décrire l’ambiance qui y prévaut. Plus que jamais en difficulté, l’organisation doit tenter de résister pour continuer à jouer le rôle primordial pour assurer la stabilité sous-régionale. Le prochain sommet d’Abuja est très attendu. Ça ressemble à une question de vie ou de mort. 

Ténin Bè Ousmane

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